Lors d’une séance du cours « À qui donne-t-on la parole ? », la salle s’est transformée en salle d’audience le temps de l’intervention de Yamina Zoutat. Cinéaste et ancienne chroniqueuse judiciaire, elle a partagé avec les étudiants sa réflexion sur la représentation de la justice au cinéma. Issue de l’univers des tribunaux, elle considère que la justice est une véritable école de cinéma. En déconstruisant les codes et les mises en scène judiciaires, son cinéma offre un regard critique et novateur sur ce sujet. Elle met en lumière les histoires des personnes souvent négligées par le système judiciaire, leur donnant ainsi une voix. Yamina Zoutat explique que sa transition du journalisme à la réalisation s’est opérée naturellement grâce à son expérience au sein des tribunaux. Elle affirme que chaque affaire judiciaire regorge de détails surprenants et poignant, offrant des scénarios inédits et riches en humanité. Son travail cinématographique se concentre sur les individus souvent oubliés, comme les mères de détenus ou les petites mains de la justice. Elle cherche à leur donner la parole et à mettre en lumière leur humanité souvent ignorée. Pour elle, la justice est une mise en scène perpétuelle, un lieu où chaque geste, chaque parole revêt une signification particulière. Son film ‘Les Lessiveuses’, inspiré par une mère de famille lors d’un témoignage, questionne le statut de certaines paroles au sein du tribunal. Elle s’insurge contre les différences de traitement et tente de redonner de la valeur à des voix souvent reléguées au second plan. Yamina Zoutat insiste sur l’importance de l’expérience dans son travail de cinéaste. Ayant vécu plus de dix ans dans l’enceinte des tribunaux, elle puise dans ses souvenirs et ses émotions pour créer des films authentiques et poignants. Elle déplore l’absence de captation des procès en France, à l’inverse des États-Unis, considérant que les images d’archives ne rendent pas justice à la réalité des audiences. Elle cherche à explorer l’intériorité de cette expérience judiciaire à travers des images personnelles et subjectives. Yamina Zoutat travaille ses mises en scène avec minutie, cherchant à transcender la réalité des procès par des choix esthétiques singuliers. Chacun de ses films vise à créer un lien entre le spectateur et l’univers de la justice, proposant une vision alternative et humaine de cet univers souvent méconnu. Son cinéma, nourri par son vécu et sa sensibilité, invite le public à réfléchir sur la justice et à envisager d’autres perspectives sur ce sujet complexe et fondamental pour la société.
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